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palombe.org - La chasse à la palombe traditionnelle au filet face à la Commission Européenne, quel avenir ?

  • Téchené jean noel
  • 25 juin
  • 5 min de lecture

La chasse à la palombe traditionnelle au filet face à la Commission Européenne

La chasse à la palombe traditionnelle au filet face à la Commission Européenne


Si la Commission européenne a décidé de traduire la France devant la Cour de justice de l'UE pour la chasse traditionnelle de la palombe au filet, cela s'inscrit dans un cadre bien établi de litiges entre les États membres et la Commission concernant l'application des directives européennes, et en particulier la Directive Oiseaux (Directive 2009/147/CE du Parlement européen et du Conseil du 30 novembre 2009 concernant la conservation des oiseaux sauvages).

Voici quelques points à considérer :

  • La Directive Oiseaux : Cette directive vise à protéger toutes les espèces d'oiseaux sauvages naturellement présentes sur le territoire européen des États membres. Elle interdit notamment la capture ou la mise à mort intentionnelle des oiseaux, sauf dans des conditions très strictes et dérogatoires.

  • Les dérogations : Les États membres peuvent déroger aux interdictions de la directive sous certaines conditions, notamment "pour permettre, dans des conditions strictement contrôlées et de manière sélective, la capture, la détention ou toute autre exploitation judicieuse de certains oiseaux [...] pour prévenir des dommages importants aux cultures, au bétail, aux forêts, aux pêcheries et aux eaux, ou à d'autres formes de propriété, pour des raisons de santé et de sécurité publiques, pour des raisons impératives de sécurité publique ou pour des raisons de recherche et d'enseignement, de repeuplement, de réintroduction et pour les opérations de reproduction nécessaires à ces fins, y compris la reproduction artificielle, ou pour permettre, dans des conditions strictement contrôlées et de manière sélective, la capture ou la détention d'oiseaux migrateurs afin de les conserver dans des jardins zoologiques, dans des élevages d'oiseaux, dans des parcs ornithologiques et dans des collections privées." Cependant, ces dérogations doivent être dûment justifiées et ne doivent pas compromettre les populations des espèces concernées.

  • La chasse traditionnelle : La Commission a souvent examiné avec une attention particulière les pratiques de chasse dites "traditionnelles" qui peuvent entrer en conflit avec les objectifs de la Directive Oiseaux. La chasse au filet, qu'elle soit verticale ou horizontale, est souvent considérée comme une méthode de capture non sélective, ce qui est généralement proscrit par la directive.

  • Le rôle de la Cour de justice de l'UE : Si la Commission porte l'affaire devant la Cour de justice, c'est parce qu'elle estime que la France n'a pas respecté ses obligations en vertu du droit de l'UE. La Cour examinera si les dérogations accordées par la France pour la chasse de la palombe au filet sont conformes aux critères stricts de la Directive Oiseaux.

  • L'explication de l'État français : Le fait que la Commission estime que la chasse n'a "apparemment pas été suffisamment expliquée par l'État français à la Commission" est crucial. Les États membres ont l'obligation de communiquer et de justifier en détail les mesures dérogatoires qu'ils prennent. Un manque de transparence ou de données scientifiques suffisantes pour étayer la nécessité et la sélectivité de la pratique peut être un motif de contestation par la Commission.


A noter que nous chasseurs de palombes au filet, on nous demande de répondre à un questionnaire annuel sur nos types de palombières et nos prélèvements au filet. Mais force est de constater que dans les fédérations départementales de chasse des 5 départements concernés, il n'y a pas grand monde pour collecter est analyser les prélèvements. Devant l'absence de chiffre effectif constaté par différents présidents d'ACCA ou de sociétés de chasses, on peut en déduire que le monde de la chasse dont je fais parti semble peut crédible pour argumenter devant l'état.



La chasse à la palombe traditionnelle au filet face à la Commission Européenne

La réaction de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) est tout à fait prévisible et s'inscrit dans la continuité de leur positionnement sur les chasses traditionnelles face aux institutions européennes.

Plusieurs points clés ressortent de la déclaration de la FNC :

  • "Attaque totalement déconnectée de l'actualité" : Cet argument vise à discréditer la démarche de la Commission en suggérant qu'elle n'est pas basée sur des faits récents ou une urgence écologique, mais plutôt sur une posture idéologique. La FNC et les défenseurs de la chasse mettent souvent en avant la bonne santé des populations de palombes, voire leur expansion, pour contester l'idée que cette chasse menacerait l'espèce.

  • "Animosité hors norme de la Commission vis-à-vis de la chasse française" : C'est un leitmotiv régulier de la FNC. Ils estiment être la cible d'un acharnement de la part de Bruxelles, qui serait motivé par une idéologie anti-chasse, et non par une application objective du droit européen. Cette rhétorique vise à mobiliser les chasseurs et à gagner le soutien de l'opinion publique en se présentant comme victimes d'une bureaucratie européenne déconnectée des réalités locales.

  • Volonté d'intervenir aux côtés du Ministère devant la Cour de justice : C'est une démarche logique et importante. La FNC, en tant qu'organisation représentative des chasseurs, a un intérêt direct à défendre cette pratique. Leur intervention, vraisemblablement en tant que partie intervenante, permettra d'apporter des arguments techniques, des témoignages et des données spécifiques à la pratique de la chasse au filet en France. Cela montrera également une unité de façade entre les chasseurs et le gouvernement français sur ce dossier.

  • Défense de la "chasse patrimoniale" et respect des critères de dérogation : La FNC insistera sur le caractère "patrimonial" de cette chasse, soulignant son ancrage culturel et historique dans les régions concernées. Au-delà de l'aspect culturel, ils devront démontrer devant la Cour que la chasse au filet répond bien aux critères stricts de dérogation de la Directive Oiseaux, notamment en termes de sélectivité des captures et de "petites quantités" prélevées, sans que cela n'impacte l'état de conservation de l'espèce. C'est le point juridique le plus délicat.


    Contexte des dérogations et des "chasses traditionnelles" :

Il est important de noter que la Cour de justice de l'UE a déjà eu à se prononcer sur des cas similaires de chasses traditionnelles (comme la chasse à la glu ou au filet pour d'autres espèces), et ses arrêts ont souvent été défavorables aux États membres qui n'ont pas pu prouver la sélectivité et la faible quantité des prélèvements. La charge de la preuve repose sur l'État membre qui accorde la dérogation.

Le fait que la Commission ait jugé les explications de l'État français "insuffisantes" indique que les données ou justifications fournies jusqu'à présent n'ont pas convaincu Bruxelles. Le défi pour la France et la FNC sera donc de présenter des arguments et des preuves solides devant la Cour pour démontrer la conformité de cette pratique aux exigences strictes de la Directive Oiseaux.

En somme, cette affaire est un nouveau chapitre dans le bras de fer récurrent entre la Commission européenne, soucieuse de l'application uniforme de la législation environnementale, et certains États membres, qui défendent des pratiques de chasse ancestrales et culturelles, parfois en contradiction avec les principes de la directive.


En résumé :

Le scénario décrit est un exemple classique de la manière dont la Commission européenne veille à l'application du droit de l'UE par les États membres. La chasse traditionnelle, même si elle est ancrée culturellement, doit se conformer aux exigences environnementales de l'UE. Si l'information est exacte, la France devra défendre sa position devant la Cour de justice, et la décision de la Cour aura des implications importantes pour la pratique de cette chasse.


Alors ou sont nos portes drapeaux pour défendre notre culture et nos traditions rurales ?

 
 
 

Commentaires


Voici une très belle collection de cinq profils qui capturent la diversité et les nuances des acteurs de la palombière

en chasse traditionnelle :

  1. Le Débutant (L'Apprenti)

  2. Le Poète (Le Convivial)

  3. Le Dilettante (Le Rêveur)

  4. Le Confirmé (L'Artisan)

  5. L'Expert (Le Puriste/Le Gardien)

palombe.org.jpg

Le Débutant (L’Apprenti)

 

Lui c’est le chasseur observateur qui vient découvrir ce mode de chasse ancestral, il doit être attentif, observer et poser beaucoup de questions.

En général il cherche à apprendre et à comprendre comment s’organise une palombière.

Quand on le forme à la montée et à la descente des appeaux, il fait attention et il est méticuleux car il a envie de bien faire,

En règle général, le débutant est un bon apprenant qui écoute ce qu’on lui enseigne mais tout dépend de la qualité de son maître d’enseignement. Car ce dernier, a un rôle crucial dans la transmission de ce savoir-faire ancestral.

salmis de palombe à la palombière
Salmis de palombes
Le plat préféré du
poête

Le Poète (Le Convivial)

 

Lui est un chasseur qui connaît un peu la chasse à la palombe ou plutôt qui survol le concept d’une palombière.

Il sait monter et descendre les appeaux sans trop faire d’erreur. De temps en temps il participe au nourrissage des appeaux, mais son implication s’arrête la. Il ne connaît pas les contraintes de la gestion d’une palombière.

Lui, ce qui l’intéresse c’est la convivialité et chasser l’entrecôte. Si par cas il a possibilité de ramener un couple de palombe, c’est le bonheur !

En somme, le Poète est celui qui vient chercher l'ambiance, le cadre, et l'amitié, la chasse étant un agréable prétexte.

Couloir de palombière

Le Dilettante ( Le Rêveur)

 

Lui c’est le chasseur qui vit dans le rêve de la chasse à la palombe. Il croit tout savoir sur le sujet mais au final par manque de temps il ne peut pas entretenir sa palombière correctement au fil des mois. Donc, quand la migration commence, il est toujours avec marteau et des pinces dans les mains, en train d’effectuer des bricolages à droite à gauche.

Malheureusement sa palombière en extérieur est à l’image de sa dilettance : couloirs non entretenus, réglages approximatif des mécaniques, sol mal entretenu, arbres non élagués… bref une palombière en mode délabrée.

Mais pour lui, tout cela n’est pas grave, il s’éclate dans ses rêves en imaginant poser des gros vols de palombes qui se posent malgré le grincement des mécaniques, les palombes qui se pendent et la cabane non camouflée. Pour lui le bonheur est dans le rêve.

Ce profil rappelle que la chasse à la palombe est autant une affaire de patience et de travail préparatoire qu'une affaire de chance et d'observation !

LA GARDE.jpg
La palombière dans le brouillard

Le Confirmé ( L’Artisant)

 

Lui c’est le chasseur passionné qui connaît très très bien sa palombière. A la différence des autres, il a travailler tout au long de l’année pour améliorer et bichonner sa palombière. Il en maîtrise tout les réglages des appeaux, il a fabriqué ses propres mécaniques, il a procédé aux agencements de la cabane. A sa garde, il maîtrise sur le bout des doigts les réglages de sémérage, il sait dresser les pigeons sur fil, et il met tout en œuvre pour que le sol ou il y a les filets soit le plus accueillant possible pour faire poser les belles bleues.

C’est un chasseur de palombe méticuleux.

Ce portrait met en lumière que la réussite dans cette chasse réside dans la préparation, l'ingénierie et le dévouement constant, faisant du Confirmé le véritable artisan de la pose.

Filets avec ressorts pour chasse à la palombe.
Le sol avec ses filets

L’Expert (Le Puriste / Le Gardien)

 

Lui, c’est le chasseur sans fusil, le vrai puriste qui chasse uniquement au filet. Il est totalement habité par sa passion, Bien évidemment c’est un chasseur de palombe confirmé, mais encore plus que ça. Il connaît toutes ses partitions pour roucouler les palombes.

Pendant les journées d’attente de la migration, il tri pois et féveroles pour gaver chaque soir les palombes et se rincer le gosier à l’armagnac pour désinfecter. Sinon, il prépare le mélange d’aliments pour gaver les palombes à la seringue.

La palombe, c’est son oiseau préféré, il le connaît par cœur. Il connaît les moments de migration en étudiant les quartiers de lune. Ses palombes sont en volière, il les élève avec affection pour la reproduction. Elles sont apprivoisées au fil du temps et de patience.

Après chaque saison de chasse, il relâche une partie de ses palombes qui lui ont servi d’appeaux.

Pour ce chasseur expert, la chasse à la palombe c’est son mode de vie qu’il transmet à sa descendance. L’essentiel est de respecter cet oiseau tout en prenant du plaisir.

Ce portrait est celui d’un véritable gardien de la tradition et de l'oiseau lui-même. Il est l'incarnation de l'harmonie entre la tradition, l'art de la chasse, et le profond respect de la nature. Il est le point culminant de l'apprentissage et du dévouement.

Rédaction :

Jean Noel Téchené

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